Articles du Vendredi : Sélection du 10 septembre 2010

“Retraites vertes

Hervé Kempf
Article paru dans l’édition du Monde daté du 07.09.10

“Un militant, moi ?

Jim Hansen dirige le Goddard Institute de la NASA depuis 1981 et est considéré comme le plus grand climatologue actuel.
Le texte original en anglais est téléchargeable sur le site de Jim Hansen :http://www.columbia.edu/~jeh1/mailings/2010/20100824_Activist.pdf

“Approche radicale et pragmatique de l’action militante

Notes du Stage de Philippe Corcuff.
Samedi 19.06.2010 / Partie 1 / 4

“Trantsizio Mugimendua

Larraitz Altuna Gabilondo, LANKI-HUHEZIko eta BAGARAko kidea
Article paru dans l’édition Alda daté du 05.08.10

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“Retraites vertes

Hervé Kempf
Article paru dans l’édition du Monde daté du 07.09.10

Oui, bien sûr, il faut refuser le projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement. Certes, le système de solidarité collective mis en place à l’orée des “trente glorieuses” appelle une remise à plat. Cependant, un gouvernement si ostensiblement proche de l’oligarchie est mal placé pour l’entreprendre. Ce qui est prioritaire, c’est une refonte de la fiscalité qui, en France, comme dans les autres pays occidentaux, a favorisé depuis trente ans les revenus du capital au détriment de ceux du travail.

Le phénomène est bien attesté par de nombreuses études d’organismes officiels : dans les pays occidentaux, la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB) a fortement reculé au profit des revenus du capital (lire “Part des salaires : et pourtant elle baisse”, de Michel Husson, sur le site www.france.attac.org). La base de données économiques Ameco de la Commission européenne précise le phénomène : en France, par exemple, la part des salaires dans le PIB est passée d’une moyenne de 63 % dans les années 1960 et 1970 à 57 % dans les années 2000, soit une chute de 6 points. Sachant que le PIB de la France est de 2 000 milliards d’euros, ces 6 points représentent 120 milliards d’euros par an. Un chiffre à comparer au déficit de la branche vieillesse de la Sécurité sociale, qui devrait être de 11 milliards d’euros en 2010. Discuter de la résorption de ce déficit sans poser la question du partage des richesses n’a évidemment pas de sens.
Mais si la récupération du butin amassé par les capitalistes est un préalable, elle ne saurait suffire à résoudre les problèmes : dans un monde où la crise écologique s’affirme toujours plus, la poursuite de l’enrichissement matériel collectif doit être contestée. Le renouveau de la solidarité collective doit être prolongé par une nouvelle conception de l’économie.
“Travailler une heure par jour”, un livret au titre provocant de l’association Bizi, basée à Bayonne, peut nous y aider (voir sur le site bizimugi.eu). Il rappelle que le travail est focalisé sur l’augmentation de la production, dont les dégâts écologiques sont toujours plus lourds, alors même qu’un nombre croissant de personnes sont exclues de l’emploi. Il explique comment une meilleure répartition des revenus facilitera la baisse nécessaire de la production, celle-ci étant permise par la réduction des gaspillages – tels que les emballages, ou les investissements inutiles, comme la ligne TGV Bordeaux-Hendaye -, l’amélioration de la durabilité des produits, la lutte contre la publicité, le partage du temps de travail. Utopique ? L’utopie, c’est de croire que le système actuel pourra durer longtemps.

“Un militant, moi ?

Jim Hansen dirige le Goddard Institute de la NASA depuis 1981 et est considéré comme le plus grand climatologue actuel.
Le texte original en anglais est téléchargeable sur le site de Jim Hansen :http://www.columbia.edu/~jeh1/mailings/2010/20100824_Activist.pdf

« Comment êtes vous devenus un militant ? » La question m’a pris par surprise. Je ne m’étais jamais considéré comme un militant. Je suis un scientifique du Midwest plutôt taciturne et un peu lent. Mon entourage familial est plutôt conservateur, et le terme militant y est mal vu.

J’allais donc réfuter la formulation de cette question, mais de fait j’ai déjà été arrêté par la police plus d’une fois. Et aussi j’ai témoigné en justice, pour défendre des personnes accusées de ne pas avoir respecté la loi. Bien sur ces personnes protestaient contre notre dépendance aux carburants fossiles. Mais n’y a-t-il pas des moyens légaux pour protester dans une démocratie ? Comment en étais je arrivé à me retrouver avec cette pancarte de militant ?

En fait, mes petits enfants y sont pour beaucoup.. Ca s’est passé progressivement. D’abord en 2004 j’ai rompu un vœu personnel de 15 ans de non intervention dans les medias. J’ai donné une conférence publique s’appuyant sur les travaux scientifiques qui montraient la nécessité de ralentir nos émissions de gaz à effet de serre, et j’ai critiqué l’administration Bush sur ce sujet. Pour expliquer la mesure de l’effet de serre supplémentaire, j’ai pensé à mes petits enfants, et je l’ai comparé avec les ampoules de 1 watt qu’on met sur les sapins de Noël.

14 mois plus tard, j’ai donné une autre conférence publique, reliant les causes du réchauffement climatique avec les choix que doit faire notre société et dénonçant les actions de désinformation des lobbys pétroliers. Je justifiais la vigueur du propos car je ne voulais pas entendre plus tard mes petits enfants dire : « papi il a tout compris, mais n’a jamais été très clair ».

Ce qui est maintenant très clair c’est que notre planète est toute proche du point de grand dérèglement climatique. Partout les glaces fondent, sur la banquise arctique, au Groenland, en Antarctique et dans toutes les montagnes. Des tas d’espèces sont menacées par la destruction de leur environnement et le changement climatique. Si on ne ralentit pas notre consommation de carburants fossiles, la montée des mers et la disparition des espèces vont s’accélérer et devenir incontrôlables. L’augmentation de la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère accentue déjà les phénomènes climatiques extrêmes, augmentant les précipitations, aggravant les inondations et les tempêtes.

La stabilisation du climat passe par le rétablissement de l’équilibre énergétique de notre planète. La science est absolument claire. L’augmentation du CO2 dans l’atmosphère déséquilibre l’énergie de la Terre et c’est précisément confirmé par les mesures de la chaleur supplémentaire stockée dans les océans. Dit simplement, l’atmosphère ne peut pas absorber plus qu’une certaine quantité de CO2. On ne peut pas brûler tous les carburants fossiles. Concrètement, on doit arrêter progressivement l’utilisation du charbon, on doit aussi laisser les schistes bitumineux là où ils sont sous terre et enfin ne pas extraire tout le pétrole jusqu’à la dernière goutte.

Les actions pour que nous basculions vers les énergies renouvelables du futur sont faisables. Ces actions nous permettraient de rétablir une atmosphère et des ressources en eau propres et durables, par respect pour les générations futures en préservant la création et l’environnement. Mais ces actions ne sont pas en cours.

D’abord j’ai pensé que c’était un problème de communication. Les savants n’avaient pas été assez explicites et clairs pour les dirigeants des grands pays. Enfin, il doit bien y avoir des pays capables de comprendre que les politiques énergétiques actuelles mènent à cette injustice pour les générations futures !

Alors j’ai écrit des courriers à des dirigeants de pays et j’en ai ainsi rencontré une demi douzaine d’entre eux, comme j’en parle dans mon livre « Les Tempêtes de mes petits enfants ». A chaque fois, ce que j’ai entendu, c’est de la « publicité verte » (greenwashing), on fait semblant de se préoccuper du réchauffement climatique mais les décisions politiques restent dictées par les intérêts du lobby pétrolier.

L’exemple typique c’est celui de mon récent séjour en Norvège. Je pensais que la Norvège, historiquement en pointe en écologie, pourrait s’affirmer parmi les autres nations avec des actes concrets qui montreraient l’hypocrisie des discours et des pseudos actions d’autres pays.

Ainsi j’ai écrit au premier ministre pour lui indiquer que la Norvège, actionnaire majoritaire de la compagnie StatOil, devait arrêter leurs projets de schistes bitumineux au Canada. J’ai reçu une réponse polie du ministre délégué au Pétrole et à l’Energie. La position du gouvernement c’est les projets de schistes bitumineux relèvent des choix commerciaux de l’entreprise et non du gouvernement et que le Parlement est majoritairement d’accord sur ce point. Le ministre délégué concluait ainsi sa lettre : « Je vous assure cependant que nous allons continuer à tenir une position très ferme sur les changements climatiques, que ce soit en Norvège ou à l’international »

Un ami norvégien, lui aussi grand père, après avoir lu cette lettre, a cité Saint Augustin : l’hypocrisie est le tribu que le vice doit payer à la vertu.

L’attitude du gouvernement norvégien est une dramatique confirmation de la situation actuelle : même le pays le plus respectueux de l’environnement trouve trop dérangeant de faire face à la réalité des faits scientifiques sur le climat.

Il devient évident que les actions nécessaires n’arriveront que si le grand public, d’une façon ou d’une autre, s’implique en force. Pour les citoyens, une façon de faire c’est de s’opposer aux projets de centrales à charbon, et de schistes bitumineux, et de forages pétroliers dans des zones naturelles et les océans profonds.

Cependant pour nous sevrer de notre dépendance aux carburants fossiles il nous faut bien comprendre qu’aussi sure que la loi de la gravité fait tomber les objets, aussi sur est le fait que nous continuerons à utiliser les carburants fossiles tant qu’ils seront moins chers que les autres énergies. La solution c’est donc de faire monter progressivement le prix du pétrole, du gaz et du charbon ; mettre un prix sur le carbone et le collecter auprès des entreprises fournisseurs de ces carburants fossiles, localement dès la mine ou le puis et pour les importations dès l’arrivée au port. Tous les fonds récoltés doivent être redistribués au public avec strictement la même part pour chacun, afin d’inciter chacun à adapter son mode de vie et les entreprises à innover pour des solutions sans carbone. Avec l’augmentation du prix du carbone, les carburants fossiles seront progressivement remplacés par des énergies propres et par plus d’efficacité énergétique.

Mettre un prix sur le carbone c’est la seule solution globale réaliste. La Chine et l’Inde n’accepteront jamais des quotas, mais elles ont besoin d’un prix sur le carbone pour développer les énergies propres et éviter la dépendance aux carburants fossiles.

Aujourd’hui les gouvernements, au contraire, parlent de marchés de quotas échangeables avec compensation, un système qui a été dévoyé par les grandes entreprises de la finance et du lobby pétrolier. Le marché des quotas c’est une incitation à la corruption. Pire, c’est inefficace, prolongeant notre dépendance jusqu’à la dernière goutte de pétrole et la catastrophe environnementale qui ira avec.

Stabiliser le climat, c’est un devoir moral, c’est une question de justice vis-à-vis des générations futures. Les jeunes gens, et les plus âgés aussi, qui défendent les autres espèces de la création, doivent s’unir en exigeant la mise en œuvre d’une démarche concrète pour protéger notre planète.

Vu que les pouvoirs exécutifs et législatifs de nos dirigeants restent sourds au discours scientifique, le pouvoir judiciaire peut nous permettre de redresser la situation. Les gouvernements ont la responsabilité institutionnelle de protéger les droits des jeunes et des générations à venir ;

Aux jeunes gens, je dis : défendez vos droits, exigez que les gouvernements soient sincères et reconnaissent les conséquences de leurs politiques. Aux personnes âgées je dis : bougeons nous le popotin et combattons avec ces jeunes pour protéger le monde dont ils vont hériter.

Je suis impatient de me tenir à leurs cotés, à les aider à développer leurs actions pour exiger leur droit et préserver la nature et leur futur. Je pense que c’est ça qui fait de moi un militant.

La traduction est réalisée par l’association citoyenne taca qui prépare avec d’autres associations en France et dans le monde la journée de mobilisation pour le climat du 10/10/10 avec le slogan : Au boulot !
Informations et adhésions sur le site web : http://taca.asso-web.com/

“Approche radicale et pragmatique de l’action militante

Notes du Stage de Philippe Corcuff.
Samedi 19.06.2010 / Partie 1 / 4

Notes de Stage : Approche radicale et pragmatique de l’action militante
Formateur : Philippe Corcuff
Lieu : Siège de Bizi ! (Bayonne)
Date : Samedi 19 juin 2010
Prise de note : Alice
Partie 1 / 4 : Textes de référence disponibles au local de Bizi !

I – Pragmatisme et utopie
II – Tactique et stratégie
III – Vers une démarche démocratiquement expérimentale

Introduction

Comment lier pragmatique et théorie ? Quelle méthodologie mettre en œuvre pour être autonome dans son action, pour initier un processus d’émancipation ?
ne pas se détacher des contenus, et donc saisir les choses à la racine (radicalement)
accorder une variété d’utilités à l’action, et donc renouveler la pensée unique du « Grand soir » (car il n’arrivera pas)

I – Pragmatisme et utopie

Utopie > utopos (gr.) : non lieu, en aucun lieu
Utopie > créé par Thomas More : aspiration à un ailleurs, à un autrement par rapport à la réalité existante ; pensée de la différence qui ouvre des possibles mais ne suppose pas leur réalisation. Boussole orientant l’action

Pragmatique : relatif à l’action ; doctrine qui donne la valeur pratique comme critère d’une idée ; tire vers l’action ; analyse de la réalité par rapport à laquelle l’action va intervenir

Comment être réaliste et utopique à la fois, la vision de la réalité étant souvent contaminée par nos souhaits ? Quelles oppositions, tensions, relations existent-ils entre ces deux pôles ?

I. 1 Thomas More (1478-1535) : Utopia (1516)

La première partie d’Utopia est un dialogue entre T. More, en tant que conseiller du prince (mais cette position ne reflète pas nécessairement les pensées de l’auteur), et Raphaël, personnage imaginaire qui a découvert une île imaginaire utopique. Il s’agit d’un dialogue entre pragmatisme et utopie, articulation et combinaison des deux pôles qui reflète certainement la vision de T. More.

Vision du personnage T. More : il faut être pragmatique et participer au fonctionnement des institutions pour contribuer à les améliorer, ce qui revient à agir dès maintenant sans attendre que les choses soient parfaites et à pointer du doigt le fait que la « rebellitude » soit une façon de privilégier son bien-être personnel au bien-être public

Vision du personnage de Raphaël : il faut conserver une radicale extériorité au nom d’une certaine pureté, car participer aux institutions pourrait changer l’individu (cf histoire de la Gauche en France depuis deux siècles) et, même si l’individu n’est pas corrompu, il sert de caution

La position juste est celle qui articule les deux visions, est celle du dialogue intérieur, comme le rappelle la fin de l’ouvrage.

Définitions utopiste – pragmatique à l’issue de cette lecture :
utopiste : celui qui porte un vison optimiste de la nature humaine qui serait bonne par nature
pragmatique : celui qui porte une vison pessimiste de la nature humaine

NB : Ces définitions soulèvent une question fondamentale de l’anthropologie philosophique : Existe-t-il une nature humaine ? Les sciences sociales prouvent le contraire au travers d’études ethnologiques des sociétés humaines : la communauté Na en Chine et les tribus de Polynésie bousculent les critères universels qui sous-tendent l’existence d’une nature humaine. En revanche, il existe des potentialités humaine universelles : Karl Marx parle d’un potentiel créateur (qui permet à l’individu de se libérer des contraintes capitalistiques) alors que Durkheim parle d’un désir infini mais frustrant (plus je bois, plus j’ai soif ; théorie de la décroissance) dont il faut contrôler les débordements par des règles républicaines.

I. 2 Fichte (1762-1814) : Contributions pour rectifier le jugement public sur la Révolution française (1793-1794)

Fichte : philosophe allemand marqué par Kant et Rousseau, appartenant au groupe des Lumières allemandes, défenseur de la Révolution française en Allemagne

Opposition conservatisme – révolution :
conservatisme : se couler dans le moule, aller vers un esprit étriqué formaté par les habitudes d’une société, posture qui empêche d’imaginer une alternative à l’existant
Conservatisme assumé : c’est bien actuellement, rien n’est à changer.
Conservatisme honteux : il y a des injustices, des inégalités, mais on ne peut rien y faire !
révolution : ce qui paraissait impossible devient possible et réel

L’humanité étant un processus ouvert, il ne peut y avoir de forme politique fixe et définitive. La phrase finale de l’extrait « […] tu n’as pas le droit d’abdiquer ton humanité. Ta promesse est contraire au droit, et par conséquent non avenue. » rappelle que toute institution (par définition fixe) est inadéquate à l’humanité (par définition en mouvement). L’humanité étant un processus évolutif, jamais cet horizon, cette utopie ne sera atteinte. Même des institutions plus justes ne permettront pas l’établissement d’une société idéale car il y a une remise en cause perpétuelle.

NB : L’anarchisme est un mouvement perpétuel contre les institutions, et poursuivrait donc cet horizon de l’humanité.

“Trantsizio Mugimendua

Larraitz Altuna Gabilondo, LANKI-HUHEZIko eta BAGARAko kidea
Article paru dans l’édition Alda daté du 05.08.10

Ikuspegi globala, ekintza lokala eta komunitatea gaitzea motoretzat!

L’universitaire Larraitz Altuna a participé aux deux jours de formation de l’Université d’Eté en Euskara (UEU) à Eibar sur “la transition vers un le Pays Basque Durable”. Elle présente pour Alda! le mouvement de “Transition” ou de “villes en transition” qu’elle suit de près.
“Ekologistok azken 30-50 urteotan erabili ditugun erremintak (protestatzea/ manifestatzea/presionatzea), desegokiak eta eznahikoak dira aurrean ditugun desafioen eskalari erantzuteko. Sekula ez dugu lortu kultura nagusiak konpromisorik hartzea horren inguruan, eta, ondorioz, gauzak egiteko beste modu batzuk kontsideratzen ari gara”.
Transition mugimenduko fundatzaile den Rob Hopkinsen hitzok ondo adierazten dute trantsizio mugimenduaren oinarrian dagoen espiritu eraikitzailea.
Funtsean, trantsisizio mugimendua petrolio merkearen amaierari (peak oil) eta aldaketa klimatikoari aurre egiteko gizarte mugimendu antolatu bat baino ez da.
Behinik behin, petrolio-menpekotasuna eta aldaketa klimatikoaren eragin-faktoreak murriztea.
Bi zutabe hauek hirugarren batek osa-tzen ditu, iraunkortasunaren alderdi soziologikoak, batik bat.

Ezinbestekoa dela munduko ondasunak zein hondakinak hobeto banatzea iraunkortasunerako gizarte trantsizio batean.

“La “transition” vise à réduire la dépendance au pétrole et les facteurs agissant sur le changement climatique. Il est donc indispensable pour une société en transition, vers un monde durable,
de mieux partager les richesses et les déchets. ”

Transition mugimendua Inoizko krisi sozio-ekologikoaren desafioaren aurrean, askori zeru gris-ilun edota beltza gailendu ahal zaio; Transition mugimenduak ordea, nahiago du etorkizuna kolorez marraztu. Ziklo-amaiera baten atariak aukera paregabea eskeintzen du gure inguruko mundua berrasmatzeko, birpentsatzeko eta berreraikitzeko. Ikuspegi globaletik pentsatu eta modu lokalean ekiteko tresna da trantsizio mugimendua, bereziki komunitatea gaitzea baita haren motorea. Jatorriz trantsizio mugimendua Ingalaterratik datorkigun arren, gaur egun mundu zabalean ehundaka ekimen daude martxan norabide berean. Zehazki, hirurehun bat ekimen Transition Network-ekin hartu-emanean eta askoz gehiago modu askean. Hego Euskal Herrian ere badakigu zerbait hasia dela mugitzen, bai Gasteiz aldean baita Deba Goiena aldean ere . Nola jarri trantsizio ekimenak abian? Orientazio modura, Transition mugimenduak hamabi urrats ematen dizkigu:

1) Talde gidaria sortu. Hasiera hasieratik bere desegitea aurreikusi proiektuen arrakasta pertsonen gainetik egon dadin. Talde eragilea beste zerbaitetan eraldatuko da.

2)Sentsibilizatu. Fase honetan bidelagunak eta aliatuak identifikatu, sareak sortu eta datorrenerako komunitatea prestatu. Pelikulak pasa, hitzaldiak eta mahai-inguruak antolatu, medio lokaletan parte-hartu, etab. Ekin-tzarako denbora behar den bezala planifikatzeko ere hartu denbora. Zenbat eta denbora gehiago eskeini taldean adostasuna lortzeari, talde osoa proiektuaz jabetuz eta proiektua denon artean partekatuz, gero denbora gehiago aurrez genezake ekintzara pasatzen garenean.

3)Oinarriak sendotu. Saretu badiren taldeekin, saia zaitezte elkarlana bultzatzen eta ahaleginak gehitzen.

4)Ekitaldi pizgarri bat antolatu. Jarri mugarri bat ekitaldi publiko baten bidez. Ondo zaindu beharreko ekitaldia bakarra izango delako. Indartsua behar du izan, jendeak sentitu dezan: “hauek zerbait garrantzitsua egitera datoz”, “nik ez dut galdu nahi”, “hor egon nahi dut”. Ospakizun aldartean, indartsua, erakargarria, inspiratzailea eta informatiboa.

5)Lantaldeak sortu. Bizitzako alderdi ezberdinen inguruan antolatu lantaldeak (elikagaiak, energia, haur hezkuntza, kontsumoa, psikologia, mugikortasuna, etab.). Taldean nukleo bat sortu, taldeari gutxieneko egonkortasuna emango diona eta edozein sartzeko ateak ireki.

6)Erabili open space teknika. Talde dinamika bat gai ezberdinak jorratzeko eta horietan sakontzeko. Txolartea/aisaldia da berorren inspirazio nagusia.

7)Ekintza ikusgarriak egin. Hasiera beretik garrantzitsua da proiektuak praktikoak izatea ikusgarritasuna izan dezaten. Hori izan baidateke taldekide berrientzako amua eta noski baita komunitatean sinesgarritasuna lortzeko bidea.

8)Gaitasunak ber-landu. Gure aiton-amonenek txikitatik ikasitako gaitasunak landu. Besteak beste: sukaldatu, josi, lurra landu, ogia egin, era askotako konponketak egiten ikasi, etab.

9)Administrazio lokalarekin zubiak eraiki. Nahi ala ez, erakunde publikoak ere irtenbidearen parte dira. Hori bai, argi utziz bakoitzaren lekua zein den. Administrazio publikoaren rola sostengu ematea da, ez gidatzea; gidaritza komunitatearen esku baitago.

10)Helduei omen egin. Energiarekiko buruaskitasuna eraikitzeko funtsezkoa da kontsumo gizartearen aurrekoa ondo ezagutu zutenengatik ikastea. Ahozko historiak bildu. Kontua ez da atzera bueltatzea; gizartea sistema konplexu bat den heinean inoiz ez da aurreko egoera batera itzultzen. Helburua da iraganeko jakituria eta egiteko moduetatik ikastea bizitza eredu berriak berreraikitzeko orduan.

11) Utzi joaten (let it be, let it go). Helmugan bainoago fokalizatu norabidean eta utzi joaten. Ez gara oro erantzuleak, katalizatzaileak baizik. Irizpide nagusiak zainduz (erresilentzia komunitarioa eraikitzea eta aztarna ekologikoa murriztea) inteligentzia kolektiboa oso emankorra izan daiteke, baldin eta jendearengan konfiantza jartzen bada.

12) Sortu Energia Murrizteko Plangin-tza bat (Energy Descent Action Plan). Honako hau sakoneko urrats bat da aurreko ibilbidea egin dutenentzat. Epe ertaineko plangintza hau osatzeko jakina da beharrezkoa dela talde guztiak elkarnean aritzea. Iraunkortasunerako euskal Trantsisioa zertan da?

Gurera ekarriz, baliteke Euskal Herrian gehientsuenak oraindik hazkunde ekonomikoaren mirari-gaitasunaz sinetsita egotea; eta gutxi batzuk soilik ohartuta egotea duela berrogeita hamar urte amets genuena gaur egun ametsgaizto bilakatzeko arriskuan dagoela. Trantsizioa ez baita soilik, “gutxiarekin gehiago egitea” (tekno-efizientzia, eko-diseinua eta antzerako hurbilpenak) baizik eta aldaketa kultural bat eragitea: bizitzeko, ekoizteko eta kon-tsumitzeko molde berriei ekitea. Erresistentziak agerikoak izan daiztekeen arren, (Hego) Euskal Herriak baditu baldintza positibo paregabeak norabide horretan pausoak emateko: besteak beste, lurraldearekiko atxikimendua, estruktura demografiko sakabanatua, estruktura urbano konpaktuak, nekazal eta eremu urbanoen arteko distantzia laburra, instituzio deszentralizatuak, herri identitate sendoa, ekintzailetasuna eta borrokarako sena, gizarte sare oparoak eta ibilbide autoeratzaile aberatsak.