Articles du Vendredi : Sélection du 24 juillet 2015

Transition énergétique : Les bonnes intentions iront-elles jusqu’à la concrétisation ?


www.rac-f.org/Transition-energetique-Les-bonnes

José Bové : «Le système actuel mène les producteurs dans le mur, il faut changer de modèle»

Amandine CAILHOL
www.liberation.fr/economie/2015/07/21/jose-bovele-systeme-actuel-mene-les-producteurs-dans-le-mur-il-faut-changer-de-modele_1351650

« Tout va s’effondrer. Alors… préparons la suite »

Marie Astier, Entretien avec Pablo Servigne
http://reporterre.net/Tout-va-s-effondrer-Alors

Pourquoi il faut réinventer notre rapport à la nature : “L’Occident a consommé sa part d’atmosphère”

Olivier Pascal-Moussellard
www.telerama.fr/idees/catherine-larrere-philosophe-l-occident-a-consomme-sa-part-d-atmosphere,129293.php

Transition énergétique : Les bonnes intentions iront-elles jusqu’à la concrétisation ?


www.rac-f.org/Transition-energetique-Les-bonnes

La loi sur la transition énergétique vient d’être votée en ultime lecture à l’Assemblée Nationale. Pour le CLER, Réseau pour la Transition Energétique, et le Réseau Action Climat, ce texte donne un cap, avec des objectifs à moyen terme, mais reste très insuffisant pour amorcer le changement de trajectoire absolument nécessaire pour enclencher une véritable transition énergétique.

 

Le projet de loi sur la transition énergétique fixe des objectifs insuffisants, mais allant dans la bonne direction en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de développement des énergies renouvelables, de baisse de la part du nucléaire, de réduction de la consommation d’énergie ou encore de rénovation des logements. Autant d’atouts pour créer plusieurs centaines de milliers d’emplois au cœur des territoires. Pour autant, le texte propose pas de mesures à la hauteur de l’atteinte de ces objectifs, comme l’indique le transitiomètre. En particulier, dans les domaines du transport, de l’industrie ou du nucléaire, les mesures concrètes sont très faibles ou inexistantes.

Par ailleurs, le gouvernement, après avoir supprimé l’écotaxe poids lourds l’année dernière, a fait plusieurs annonces ces derniers jours allant à l’encontre de la transition énergétique et faisant douter de ses intentions réelles : Passage en force d’un article dans la loi Macron autorisant l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, remise en cause d’un rattrapage progressif de la fiscalité diesel sur celle de l’essence, remise en cause de l’arrêt des soutiens publics au charbon, annonce de la reprise des travaux pour le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes alors qu’un appel de la décision de justice est en cours, décalage à une date non définie de la publication de la première programmation pluriannuelle de l’énergie, … Pour Anne Bringault, en charge des politiques nationales sur la transition énergétique au CLER et au RAC : “Décaler la publication de la première programmation pluriannuelle de l’énergie, c’est reculer encore le moment des choix sur les énergies renouvelables ou le nucléaire et c’est une stratégie dangereuse et coûteuse pour la France et un très mauvais signal à quelques mois de la COP21.”

La dernière lecture du projet de loi sur la transition énergétique a apporté néanmoins un point positif : la confirmation d’une augmentation progressive de la fiscalité carbone.

Pour Lorelei Limousin, en charge de la fiscalité et des transports au Réseau Action Climat : “La trajectoire donnée à l’augmentation de la fiscalité carbone à quelques mois de la COP21 est un bon signe qui devra être concrétisé dans la loi de finance 2016 avec une augmentation sur au moins 3 ans pour financer la lutte contre la précarité énergétique et l’investissement dans les solutions de la transition énergétique”.

Nous attendons du gouvernement qu’il passe maintenant des paroles aux actes :
• Relancer les projets d’énergies renouvelables en fixant rapidement, dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), des objectifs à la hauteur des ambitions que la France s’est fixée.
• S’assurer que la trajectoire fixée par la PPE est compatible avec la tenue de l‘objectif de réduction à 50% de la part de nucléaire en 2025, ce qui passe par la planification de l’arrêt d’au moins 5 réacteurs entre 2015 et 2018.
• Introduire dans le projet de loi de finances pour 2016 une trajectoire d’augmentation de la composante carbone sur au moins trois ans comprenant une réévaluation du taux en 2016 à 32 €/t CO2, 39,50 €/t CO2 en 2017 et 47 €/t CO2 en 2018 et redistribuer les recettes de manière équitable et écologique, en commençant par la mise en œuvre urgente de mesures d’accompagnement pour les ménages en situation de précarité énergétique et l’investissement dans les solutions de la transition énergétique (transports en commun, énergies renouvelables…).
• Renforcer le maillage du réseau ferré national en préservant les dessertes Intercités et en modernisant les matériels roulants et les services

  • Faire une vraie place au vélo dans les politiques de mobilité avec la concrétisation de l’indemnité kilométrique vélo et un appel à projet aux collectivités dédié.
    • Proposer un système de soutien aux énergies renouvelables électriques qui donne une visibilité et une stabilité pour les projets ancrés dans les territoires
    • Publiant rapidement les décrets d’application de la loi, notamment sur la rénovation des bâtiments et la lutte contre la précarité énergétique.

José Bové : «Le système actuel mène les producteurs dans le mur, il faut changer de modèle»

Amandine CAILHOL
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L’eurodéputé Europe Ecologie-les Verts appelle les politiques à prendre leurs responsabilités pour mieux répartir les richesses.

Ex-leader de la Confédération paysanne, José Bové est député européen EE-LV.

Les crises agricoles se succèdent et semblent insolubles. La faute à qui ?

Depuis quinze ans, 11 à 12 points de marge sont passés des producteurs aux distributeurs et aux transformateurs. Cette captation de 30% de la plus-value – qui revenait jusqu’alors aux éleveurs – est liée à la dérégulation depuis les années 2000 et l’idée fausse que le marché peut s’organiser tout seul. Désormais, aucune règle ne permet une répartition correcte de la richesse.

Les acteurs se sont toutefois engagés en juin à augmenter les prix versés aux éleveurs…

Ce sont des négociations de dupes. A chaque crise, il y a une discussion, la grande distribution lève les bras en disant qu’elle est la plus gentille possible, mais rien ne bouge. Le problème, c’est qu’on part du postulat qu’il est normal qu’un producteur vende à perte, alors que cela est interdit pour les autres. Ce n’est pas lui mais l’acheteur qui fixe le prix, et quand ça ne lui permet pas de couvrir ses charges, il est coincé. C’est quand même un drôle de mécanisme !

Que peuvent faire les pouvoirs publics ?

A court terme, à l’échelle française, il faut une règle rendant impossible la vente à perte, sans quoi les prix continueront de se former en fonction des volumes ou de la possibilité pour la distribution d’acheter sur n’importe quel marché. Ensuite, la France doit plaider à l’échelle européenne pour une nouvelle organisation des marchés dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). Longtemps l’Europe a disposé d’outils pour maîtriser l’offre et la demande, mais ces derniers ont été démantelés depuis 2003, jusqu’à la disparition, en mars, des quotas laitiers. Désormais, Bruxelles ne peut plus empêcher les variations de prix et les crises deviennent cycliques. Il faut jouer sur les volumes, on n’a pas d’autres choix.

La PAC ne semble pourtant pas gêner l’agriculture allemande qui s’est imposée comme une grande puissance en peu de temps…

Il ne faut pas oublier que plus on investit, plus on a des coûts de production élevés. Prendre le modèle industriel et de volume de l’Allemagne de l’Est en exemple est donc risqué. En France on peut au contraire s’en sortir en refusant l’augmentation et l’intensification de la production à grand renfort de robots de traite onéreux. Le paradoxe, c’est que les exploitations qui risquent le plus de faire faillite aujourd’hui sont celles qui, poussées par l’Etat et l’agro-industrie, ont choisi l’industrialisation et se sont modernisées à outrance.

Les mêmes qui font entendre leur colère aujourd’hui ?

Certains, comme les producteurs de porcs bretons, n’ont jamais voulu entendre parler de maîtrise de la production. Mais à chaque fois que les prix dégringolent, il y a de la casse sociale. Ceux qui résistent le mieux augmentent la taille de leur atelier et les autres disparaissent. C’est une crise de modèle, et il faut en changer car celui-ci les amène dans le mur. Si aujourd’hui j’étais producteur de porc, je diminuerais le volume et j’investirais surtout dans la viande de qualité qui est attendue par les consommateurs. Mais il faut accompagner ce mouvement d’une volonté politique. Il ne suffit pas de dire qu’on est pour l’agro-écologie, il faut les règles et les aides qui vont avec.

Quid des consommateurs ?

Depuis quarante ans, on leur explique que moins on dépense pour son alimentation, plus on préserve son pouvoir d’achat. Ce qui a conduit à la politique des prix bas. C’est donc aussi un modèle alimentaire qui est à choisir. Et puis le prix ne doit pas être une excuse. Des études ont montré qu’en organisant les filières, on pouvait proposer des produits en circuits courts, moins chers de 20% par rapport au discount.

« Tout va s’effondrer. Alors… préparons la suite »

Marie Astier, Entretien avec Pablo Servigne
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Le pic pétrolier, le climat qui se dérègle, la biodiversité qui disparaît… Les scientifiques nous bombardent de nouvelles alarmistes, mais que faire ? Prenons-les enfin au sérieux, préconise Pablo Servigne, co-auteur de « Comment tout peut s’effondrer ». Mais pas de panique : même si le chemin n’est pas facile, il faut l’accepter, pour commencer à préparer le monde d’après.

Sur quels faits vous appuyez-vous pour affirmer que l’effondrement est possible ?

Nous avons rassemblé un faisceau de preuves qui viennent des publications scientifiques. Les plus évidentes sont liées au fait que notre civilisation est basée à la fois sur les énergies fossiles et sur le système-dette.

Le pic de pétrole conventionnel a eu lieu en 2006-2007, on est entrés dans la phase où l’on exploite le pétrole non conventionnel : sables bitumineux, gaz de schiste, pétroles de schiste, etc. Déjà, c’est un signe qui ne trompe pas.

Ensuite, il y a un siècle, on investissait un baril de pétrole et on en retirait cent. On avait quatre-vingt-dix-neuf barils de surplus, on nageait dans le pétrole. Un siècle après, ce taux de retour est descendu à dix ou vingt, et cette diminution s’accélère. Or, en-dessous d’un certain seuil, entre quinze et vingt, c’est dangereux pour une civilisation. Pour fonctionner, notre société a besoin de toujours plus d’énergie. Or il y en a toujours moins. Donc à un moment, il y a un effet ciseaux.

En même temps, pour fonctionner, notre société a besoin de toujours plus de croissance. Pendant les Trente glorieuses, les deux-tiers de notre croissance faramineuse venaient des énergies fossiles. Sans énergies fossiles il n’y a plus de croissance. Donc toutes les dettes ne seront jamais remboursées, et c’est tout notre système économique qui va s’effondrer comme un château de cartes.

Dans ce schéma, quelle place a la crise écologique ?

Dans notre livre, on prend la métaphore de la voiture. Il y a la question du réservoir d’essence : à un moment il sera vide. C’est ce que je viens d’expliquer. Et il y a un autre problème : la voiture va de plus en plus vite et sort de la route. La science s’est rendue compte que le climat s’est emballé, que la biodiversité s’effondre littéralement. On dépasse des seuils qu’il ne faudrait pas dépasser sous peine de déstabiliser les écosystèmes qui nous maintiennent en vie. La voiture risque de se prendre des arbres. Si on va au bout, certaines études montrent que l’on peut vraiment éliminer presque toute vie sur Terre. On en est à ce point là.

Donc la crise écologique est beaucoup plus grave que les crises économiques. Certaines civilisations anciennes se sont effondrées économiquement et politiquement. Quelques siècles après, ça renaît. Et puis il y a des civilisations qui se sont effondrées pour des cause écologiques. L’effondrement de l’environnement provoque l’effondrement de la civilisation. Là, en revanche, la civilisation ne repart pas parce que le milieu est épuisé, mort.

 

 

Parmi toutes ces catastrophes, quelle est celle qui risque de déclencher les autres ?

Ce qui est important, pour l’étincelle qui déclenchera les autres, c’est la rapidité. Et là, c’est le système financier qui est le plus fragile. Les effondrements financiers sont très rapides, même s’ils sont moins graves. Le problème, c’est qu’ils peuvent déclencher un effondrement économique, donc du commerce physique, qui peut déclencher un effondrement politique, et plus tard un effondrement des institutions sociales, de la foi en l’humanité, de la culture, etc.

On utilise plutôt les mots « crise » ou « catastrophe » : pourquoi avoir choisi de parler d’« effondrement » ?

On a quand même utilisé les mots catastrophe et crise. Catastrophe, on l’aime bien parce qu’il est provocateur. En fait nous sommes devenus catastrophistes. Cela ne veut pas dire qu’on souhaite les catastrophes ou qu’on arrête de lutter contre. Cela veut juste dire qu’on est lucides et qu’on les accepte.

Le mot crise, lui, ne convient pas parce qu’il sous-entend que l’on peut revenir à l’état de normalité qu’on avait avant la crise. Or ce n’est pas le cas. Donc parler de crise est un abus de langage, même si on l’a quand même un peu utilisé dans le livre.

Effondrement est un mot qui nous plaît bien parce qu’il est très large. Il permet d’être aussi bien du côté de la raison, de parler des rapports scientifiques, que de toucher l’imaginaire. Quand on parle d’effondrement, les gens voient Mel Gibson avec un fusil à pompe, ou des films de zombies. Mais il y a beaucoup d’autres choses qui peuvent émerger. Donc notre travail, c’est de donner chair à ce mot d’effondrement. D’arriver à décrire ce à quoi il pourrait correspondre dans notre société, pour la génération présente, en-dehors des mythes hollywoodiens.

Et cela permet aussi de se rendre compte que c’est un processus.

Oui. Dans notre imaginaire, on a la notion d’apocalypse. Du jour au lendemain, il n’y a plus rien et c’est la barbarie. En fait non. Quand on parle d’effondrement, on parle aussi bien d’une catastrophe financière qui arrive en quelques heures, que d’une catastrophe climatique qui arrive en quelques décennies voire en quelques siècles. Toutes les grandes civilisations qui se sont effondrées ont mis des dizaines voire des centaines d’années à le faire.

Si ça s’effondre, qu’est-ce qui s’effondre exactement ?

On a creusé cette question en partant de ce qui était vulnérable. Aujourd’hui dans nos sociétés, on a une économie, des lignes d’approvisionnement, un système financier, des structures de flux – tout ce qui est système alimentaire, système d’approvisionnement en eau, système médical. Tout cela est devenu extrêmement fragile parce que complexe, inter-connecté. Donc ce qui va s’effondrer, c’est tout ce qui dépend des énergies fossiles. Cela inclut les énergies renouvelables et le nucléaire, car pour les fabriquer, il faut des énergies fossiles. Quand on se rend compte que quasiment toute notre nourriture dépend du pétrole, qu’est-ce qu’on va manger ? Ce qui va s’effondrer est absolument gigantesque.

Une autre manière de répondre est que plus un pays est riche et industrialisé, et hors sol, plus il va tomber de haut. Aux périphéries, cela va être beaucoup moins grave et il va y avoir des jeunes pousses qui vont pouvoir relancer une civilisation. Par exemple, pendant la crise des subprimes de 2008, il y a eu trente-cinq pays qui sont entrés en émeutes de la faim, juste à cause d’une fluctuation des matières premières. Au Mozambique, ils n’étaient pas connectés au système mondial économique, et ils n’ont pas subi cette crise.

Est-il possible d’éviter cet effondrement ?

Non, c’est un des grands messages du livre. L’éviter voudrait dire qu’on continue notre trajectoire de croissance. Or non seulement ce n’est plus possible (on l’a montré avec la fin des énergies fossiles), mais si on continue de croître, le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité provoqueront un effondrement de notre civilisation. L’autre voie pour éviter un effondrement serait de bâtir une économie qui n’ait pas besoin de croissance. Mais sans croissance, la civilisation industrielle actuelle s’effondre. Donc de tous les côtés, ça s’effondre. On est cernés.

La posture du livre est de l’accepter. Il y a un effondrement, d’accord, on respire. On apprend à gérer sa raison, à gérer ses émotions, à gérer son rapport avec les autres, avec l’avenir. J’ai dû renoncer à des rêves que j’avais pour moi, mais j’ai dû renoncer à des rêves que j’avais pour mes enfants. C’est très douloureux. Une piste de sortie, c’est que l’effondrement peut être vu comme une opportunité incroyable d’aller vers quelque chose qu’on peut commencer à construire dès maintenant.

Est-ce qu’on le saura, quand l’effondrement arrivera ?

Vous connaissez la fable de la grenouille ? Quand on met une grenouille dans l’eau bouillante, elle saute. Quand on la met dans l’eau froide et qu’on fait peu à peu monter la température, elle reste jusqu’à en mourir parce qu’elle ne se rend pas compte que l’eau devient bouillante… Notre intuition est que peut-être, en Grèce, en Espagne, en Syrie, l’effondrement a déjà commencé. Nous, on n’est pas encore touchés parce qu’on est riches.

Comment êtes-vous arrivé à concentrer vos recherches sur l’effondrement ?

Un spécialiste du pic pétrolier, dans un colloque, a un jour parlé de ce qu’il appelle des « Oh my God points » [des points « oh mon Dieu » – NDLR]. Ce n’est pas un choc de la tête, c’est un choc du ventre et du cœur et après, plus rien n’est pareil.

Mon premier, c’était le pic pétrolier. J’ai vu un documentaire sur comment Cuba a survécu au pic pétrolier, et ça m’a tellement bouleversé que j’y suis allé pendant deux mois. Un autre grand « Oh my god point » est ma rencontre avec Dennis Meadows, le co-auteur du rapport du club de Rome [Rapport sur les limites de la croissance, 1972 – NDLR]. Son message est clair : il est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer au choc, et construire des petits systèmes résilients parce que l’effondrement est là. Cela fait quarante ans qu’il dit cela, personne ne l’écoute. Le rapport prévoit un effondrement pour le début du 21e siècle et c’est ce qu’on est en train de vivre.

Pourtant, la grande majorité des gens ne voient pas l’effondrement.

Ils sont dans le déni, parce que c’est trop violent.

Après plein de gens savent. C’est le grand problème de notre époque : on sait mais on ne croit pas. Les mythes sont toujours plus forts que les faits. Notre mythe, c’est la croissance infinie, la techno-science qui domine la nature. Si on trouve un fait qui ne colle pas avec ces mythes, on le déforme pour le faire rentrer. On dit qu’on trouvera de nouvelles énergies, par exemple.

C’est pour cela qu’avec ce livre on est sur le terrain de l’imaginaire, qui est beaucoup plus fort que les faits, et structure la manière de donner sens au monde. On dit que l’utopie a changé de sens : les utopistes sont aujourd’hui ceux qui croient qu’on peut encore continuer comme avant.

Accepter l’effondrement, c’est comme accepter la mort d’un proche. Il faut dépasser les phases du deuil : le déni, le marchandage, la colère, la tristesse et l’acceptation. Beaucoup de gens sont encore dans le déni, mais il y en a aussi dans la tristesse, dans la colère. Et il y en a qui sont dans la joie, parce qu’ils sont déjà dans l’acceptation.

A la fin de l’année se déroulera une grande conférence sur le climat à Paris. N’est-ce pas la preuve que nos élites politiques ne nient plus l’effondrement et cherchent des solutions ?

Non, je pense que les politiques n’y croient pas. C’est bien que des gens se mettent autour de la table pour parler de climat, cela a au moins une vertu pédagogique. Mais parler de solutions, c’est tordu. Cela laisse la porte ouverte à tous les techno-béats qui sont là à trépigner avec la géo-ingénierie. Et cela empêche de se rendre compte que le changement climatique, même si tout s’arrête d’un coup, c’est déjà trop tard, il s’est emballé.

Mais on peut limiter les dégâts, c’est pour cela que c’est bien de mener des négociations. Et surtout on doit le faire parce qu’aujourd’hui, il n’y a aucun grand conflit international. C’est le moment idéal pour des négociations.

Que peut-on faire d’autre au niveau politique pour faire face à l’effondrement ?

On est dans des paradoxes, car si quelqu’un au niveau politique commence à parler d’effondrement cela va créer une panique des marchés financiers, qui va provoquer l’auto-réalisation de l’effondrement. Il va provoquer ce qu’il voulait éviter.

En revanche, on peut agir au niveau micro-politique. Avec l’effondrement, les macro-structures vont souffrir. On va retourner à des sociétés beaucoup plus locales. Le mouvement de la transition est en train de redonner du pouvoir aux gens au niveau municipal. C’est cette échelle qui permet de passer à l’action rapidement.

Vous dites que pour décrire l’effondrement, les faits scientifiques ne suffisent pas. Il faut aussi avoir l’intuition qu’il arrive. Ceux qui portent des alternatives sont-ils ceux qui ont cette intuition ?

Pour beaucoup, oui. Il y a des millions d’individus dans le monde qui sont déjà dans le monde post-pétrole, post-effondrement : le monde d’après.

Le problème est que si on n’a pas encore mis les lunettes de la transition, on ne voit pas ces initiatives. On ne comprend pas pourquoi tel paysan a développé la traction animale. Or dans vingt ans, l’agriculture industrielle se sera effondrée et tout le monde sera à la traction animale.

Il faut se mettre en transition, c’est une opportunité de changer le monde. Cela veut dire construire des « réseaux des temps difficiles ». C’est retrouver le lien aux autres, à la nature, avec nous-mêmes. C’est accepter l’interdépendance de tous les êtres. Quand une civilisation s’effondre, les bâtiments peuvent s’effondrer, il reste les liens humains.

A quoi ressemblerait ce monde d’après, ce monde en transition ?

Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Ce qu’on donne dans ce livre, ce sont des outils pour qu’avec votre imaginaire, vous forgiez votre monde d’après. Il sera différent d’un pays à l’autre, d’une personne à l’autre, c’est la mosaïque de l’effondrement. Je ne sais pas si on arrivera dans un grand sursaut collectif à en atténuer les effets, ou si on ira vers plus de guerres, de famines, de catastrophes. Mais je sais qu’il y a un grand chemin intérieur à faire, qu’on a déjà commencé et qu’on est nombreux.

Ici nous sommes au Hameau des buis, une communauté installée dans la campagne ardéchoise. Avoir fait le choix d’habiter ici, est-ce une façon d’anticiper l’effondrement ?

J’aimerais dire non, mais en fait je dois avouer qu’au fond de moi, j’ai fait cela pour quitter la ville parce que je sens qu’à ville, cela va être de plus en plus difficile. Un grand exode urbain a commencé. Plein de jeunes, de néoruraux, de « nimaculteurs »non issus du monde agricole – y participent.

Et la transition, comment l’amorcez-vous ici ?

Ici, au Hameau des buis, on n’est pas du tout autonomes en énergie, en alimentation, etc. Quand je suis arrivé, j’ai fait ma conférence et cela a provoqué des « Oh my god points ». On a entamé des travaux pour être autonomes en eau et en alimentation. On se dit qu’il va falloir qu’on ait des chevaux pour se débrancher de la voiture.

Pour moi, la transition c’est l’histoire d’un grand débranchement du système industriel. Se débrancher avant qu’il ne s’effondre et nous emporte avec. Car pour l’instant, si tout s’effondre on est mort : je ne sais pas vivre sans voiture et sans supermarché.

– Propos recueillis par Marie Astier

Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Ed. Le Seuil, 304 p., 19 €

Pourquoi il faut réinventer notre rapport à la nature : “L’Occident a consommé sa part d’atmosphère”

Olivier Pascal-Moussellard
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L’industrialisation des pays occidentaux a largement contribué au dérèglement climatique. Pour la philosophe Catherine Larrère, la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (Cop 21), qui se tient en décembre à Paris, doit être l’occasion de repenser notre rapport à la nature et aux autres cultures.

Il faut que ça marche. La Cop 21 – ou Conference of the parties – qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, doit absolument aboutir à un accord international sur le climat, applicable à tous les pays et capable de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 °C.

Pourtant, les raisons de craindre l’échec sont innombrables. L’expérience des conférences précédentes, d’abord : celle de Copenhague (2009) notamment, pourtant cruciale, n’était pas parvenue à un accord juridiquement contraignant pour les pays participants, et les éditions suivantes n’ont fait que souligner les désaccords ; ensuite, depuis le Sommet de la Terre à Rio, en 1992, le dérèglement climatique n’a fait que s’aggraver, et les plafonds fixés par le Giec (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour maintenir le réchauffement dans une fourchette acceptable sont régulièrement crevés. La faible mobilisation des opinions mondiales, enfin, permet aux pollueurs de gagner du temps.

Pourquoi ces difficultés ? Pourquoi, alors que l’humanité se sait directement menacée, les hommes n’arrivent-ils pas à s’entendre pour éviter la catastrophe ? Rencontre avec la philosophe Catherine Larrère, auteure avec Raphaël Larrère de Penser et agir avec la natureUne enquête philosophique.

Y aura-t-il un accord cet automne ?

Les conférences internationales parviennent toujours à un accord, même a minima. Et les hôtes de la Cop 21, François Hollande, Laurent Fabius et Ségolène Royal, ont tout intérêt à ce que cette conférence soit un succès. Encore faut-il que l’accord soit contraignant. Cela dépendra d’une part des discussions préliminaires, qui ont déjà commencé, et d’autre part de la capacité des différentes délégations à s’entendre sur le sens qu’elles donnent au mot « nature ».

Plusieurs conceptions existent, en effet. L’Occident, combinant les héritages grec et biblique, a longtemps regardé la nature comme une entité stable, soumise à des lois universelles, et que l’homme pouvait dominer. Il en est revenu. Car cette conception d’une nature réglée par des lois fixes, au point que l’homme, grâce à la science, peut prévoir avec certitude ce qui va se passer et quand cela va se passer, n’est tout simplement plus d’actualité avec la problématique du climat. L’homme peut, au mieux, tenter d’anticiper les effets collatéraux du réchauffement et d’établir des fourchettes statistiques ; il n’est pas en mesure d’annoncer l’avenir.

Nos connaissances scientifiques, pourtant indispensables, ne nous assurent pas qu’en agissant de telle ou telle façon les phénomènes naturels que nous craignons seront contrôlés. Mais, comme l’écrit si bien Philippe Descola dans Par-delà nature et culture, cette vision d’une nature extérieure à nous, « autre chose que nous », et à peu près maîtrisable, n’existe que dans le monde occidental ! Elle est étrangère aux ontologies d’autres civilisations, précolombiennes ou extrême-orientales notamment. Ne pas tenir compte de ces différences pendant les négociations sur le climat, ou sur toute autre question environnementale, c’est se condamner à l’échec.

 

Peut-on encore distinguer nature et culture ?

Prenez le parc amazonien de Guyane. Il est habité par des populations autochtones, ce qui le distingue nettement du modèle des grands parcs américains, comme le Yellowstone : ces derniers sont vides de tout habitant, la présence humaine y est jugée perturbatrice pour la nature. En Guyane, au contraire, l’objectif est de préserver une façon de vivre ancestrale des hommes dans le parc – autrement dit, une « culture ». Quand vous dites aux tribus qui y vivent qu’il faut protéger « la nature », ils vous répondent : « vous voulez parler de notre culture ? » – preuve que, pour eux, la séparation entre l’homme et son environnement est une idée totalement artificielle.

Le parc prend en compte cette diversité d’approche, et l’on découvre, lors des négociations internationales sur le climat, que certaines populations autochtones ont maintenant appris à se servir du discours occidental de protection de la nature pour défendre ce à quoi elles tiennent. Il s’agit – pour employer un terme de Bruno Latour – d’une « hybridation » des arguments. Chacun a des choses à apprendre de l’autre, il faudra s’en souvenir en décembre. Les Occidentaux ne vont pas se transformer en Indiens amazoniens, mais ils ont peut-être des choses à retenir des peuples amérindiens. Après tout, ces derniers ont déjà traversé une catastrophe : l’arrivée des Européens sur leur continent…

 

Peut-on réinventer notre rapport à la nature ?

Au fond, tout notre travail sur l’éthique environnementale et la problématique du respect de la nature aboutit à un constat d’une grande banalité : nous ne sommes pas seuls sur Terre ! Nous sommes une espèce parmi d’autres espè­ces. Cela devrait nous rendre modestes, et nous rappeler qu’il n’y a pas que l’humanité que l’homme entraîne à sa perte avec le dérèglement climatique. Mais la modestie se heurte à l’arrogance, à notre désir de fabriquer la nature, plutôt que de simplement chercher à la piloter.

Fabriquer : un concept qui traverse toute la tradition philosophique, de Platon à Aristote et à Marx (au début du Capital, Marx distingue l’abeille et l’architecte, en affirmant que le second a l’idée de la maison avant de la construire, ce qui n’est pas le cas de la première). Fabriquer, c’est avoir un modèle en tête, et l’appliquer. Mais peut-on parler de fabrication à propos des techniques que nous utilisons avec la nature ? Le paysan ne « fabrique » pas son blé, il le fait pousser. Il oriente un certain nombre de processus naturels de façon à en tirer des résultats. Bref, il se fait le « pilote » d’un processus naturel, comme le marin qui joue avec le vent et les courants pour arriver là où il veut.

Ce classement de nos interventions sur la nature – entre « fabriquer » et « piloter » – a un grand mérite : il n’oppose pas une tradition forcément « bonne » à une modernité forcément « mauvaise » et polluante. La distinction s’applique en effet aux technologies les plus récentes comme aux plus anciennes. Mais seul le modèle du pilotage respecte notre rapport à la nature, en s’interrogeant sur les effets secondaires de son intervention : le processus de fabrication, lui, s’inquiète uniquement de l’objet final. Distinction essentielle. Car c’est bien la gravité des conséquences secondaires de la révolution industrielle – en l’occurrence le réchauffement climatique – qui est en jeu ici : brûler du bois, de la houille ou du pétrole, cela produit le progrès mais aussi du CO2. Si vous raisonnez seulement en termes de fabrication, vous ne pensez qu’au premier. Et finissez par subir les effets du second.

Les pays riches ont-ils une dette envers les pays pauvres ?

Dans sa récente encyclique, le pape François insiste sur la dimension historique du dérèglement climatique. Il rappelle que le développement industriel des pays occidentaux, depuis le XIXe siècle, est le principal responsable de ce réchauffement. Autrement dit, l’Occident a consommé sa part d’atmosphère. Il a donc une dette envers les pays du Sud, car l’atmosphère est un bien commun. Je crois qu’il s’agit là d’une intuition très forte. Pourtant, des économistes et des philosophes soulignent que même si les pays occidentaux sont la cause de l’augmentation des émissions de CO2, ils n’en sont pas moralement responsables, car, jus­que très récemment, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient.

“Il y a une profonde injustice à ce que ce soient les plus pauvres qui souffrent le plus du changement climatique”

Quant aux habitants actuels des pays riches, disent-ils, ils n’ont jamais eu les moyens d’empêcher ce qui s’était passé avant : pourquoi porteraient-ils donc cette dette ? Enfin, certains suggèrent d’arrêter de ressasser ces vieilles histoires et de regarder plutôt ce qu’il reste à faire pour empêcher la catastrophe. Ce dernier argument semble s’être imposé : pour les quotas autorisés d’émissions de gaz à effet de serre, on a pris comme point de départ 1990… en faisant mine d’ignorer, donc, ce qu’il s’est passé avant.

Ces arguments ne sont pas faux. Pourtant, le pape a raison : il y a une profonde injustice à ce que ce soient les plus pauvres et les plus vulnérables qui, aujourd’hui, souffrent le plus du changement climatique. Ils sont en première ligne à cause de leur position géographique et parce qu’ils disposent de moyens très faibles pour lutter contre les effets du réchauffement. Ne nous y trompons pas : ceux qui souffrent du dérèglement climatique sans en être directement responsables ne signeront pas d’accord sur le climat s’ils le jugent injuste.

Le catastrophisme peut-il changer les mentalités ?

Le catastrophisme, c’est l’attitude adoptée par ceux qui considèrent qu’il faut prendre comme une quasi-certitude la possibilité d’un effondrement total de notre environnement. Cette idée a été introduite par le philosophe Hans Jonas (1979) et reprise en France par le philosophe Jean-Pierre Dupuy. Pour ces catastrophistes « éclairés », la seule façon d’empêcher l’effondrement est de faire comme s’il était inéluctable. Mais il existe aussi d’autres formes de catastrophisme, dont le leitmotiv est le suivant : « si on ne fait pas peur aux gens , ils ne réagissent jamais ». Cette attitude pose problème. A force de crier au loup, plus personne n’y croit. Or, cela fait quelques décennies qu’on nous annonce le pire, et notre vie quotidienne n’est pas si affectée que cela. Du coup, la peur ne porte pas, ou plus.

“Notre destin, aujourd’hui, ressemble plutôt à celui des habitants de l’île de Pâques”

D’autre part, on ne délibère pas, ou mal, dans l’annonce de l’Apocalypse. Notre destin, aujourd’hui, ressemble plutôt à celui des habitants de l’île de Pâques – dont la population a sans doute diminué sans discontinuer après la déforestation de l’île, avant de pratiquement disparaître : pas de rupture brutale de l’écosystème, mais une dégradation continue des conditions de vie. La menace d’une catastrophe imminente n’est pas ressentie comme plausible par les gens, et l’effondrement progressif leur échappe. Ce qui explique que le catastrophisme ne soit pas mobilisateur.

Pour mieux protéger la nature, faut-il revoir nos relations sociales ?

Au début du Contrat social, Jean-Jacques Rousseau imagine l’humanité parvenue à un moment de son histoire où, si elle ne change pas sa manière de vivre, elle sera amenée à périr. Cela correspond assez bien à notre situation actuelle ! Mais changer notre manière de vivre, c’est désormais modifier, de façon inséparable, notre rapport à la nature et nos rapports entre nous. Dans le passé, nous avons fait ce que nous pouvions pour éliminer les formes les plus brutales de domination entre les hommes (l’esclavage, etc.), mais il faut aussi purger de toute domination notre rapport à la nature. Pour cela, il ne suffit pas de laisser des espaces naturels hors de l’emprise humaine, comme le fait le modèle américain de la wilderness. Sacraliser, sanctuariser un espace de nature « vierge » sans remettre en question la domination de l’homme sur ses semblables et sur l’environnement, ce n’est pas la solution.

“Aux XVIIIe ou XIXe siècles, l’humanité était encore une abstraction ; aujourd’hui, c’est devenu une réalité”

Comment articuler action locale et action globale ?

Au niveau local – celui du village ou de la région –, les hommes se mobilisent souvent efficacement. C’est au niveau global que la prise de décision devient compliquée. Au niveau local, le « Parlement des choses » dont parle Bruno Latour existe déjà ! Quand une source est menacée par des promoteurs, dans un village français, on trouve un ou plusieurs porte-parole pour la défendre. Cette source devient un « personnage » qui compte autant que d’autres habitants du village. Le problème se pose donc plutôt au niveau national, ou international. Aux XVIIIe ou XIXe siècles, l’humanité était encore une abstraction ; aujourd’hui, c’est devenu une réalité : tous les hommes sont sur le même bateau. Ils sont condamnés à l’intérêt général ! Mais il n’est pas facile de le construire. Et je ne pense pas qu’on puisse compter sur un tyran bienveillant et éclairé pour mettre tout le monde d’accord – les tyrans bienveillants, ça n’existe pas !

Enfin, les modes de vie, ce qu’on appelait autrefois « les mœurs », ne se décrètent pas par des lois, comme le rappelait Montesquieu : ils se réforment par la contagion de l’exemple. Ne désespérons pas du monde, beaucoup prennent leur vie en main et font un geste pour le climat. Ce n’est certes pas aussi spectaculaire que si les Etats-Unis s’engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effets de serre de 30 % du jour au lendemain ; et la contagion est un processus lent, alors que le dérèglement du climat, lui, est très rapide. Mais la solution, j’en suis persuadée, viendra aussi de là. Nous sommes à la fois condamnés à nous entendre – et à nous inspirer les uns les autres.

A Lire

Penser et agir avec la nature, de Catherine et Raphaël Larrère, éd. La Découverte, 374 p., 15 €.

A voir

Colloque « Comment penser l’anthropocène ? Anthropologues, philosophes et sociologues face au changement climatique », coordonné par Catherine Larrère et sous l’égide de Philippe Descola, les 5 et 6 novembre, au Collège de France