Articles du Vendredi : Sélection du 4 avril 2014 !

Climat : stupeur face à l’ampleur des impacts du réchauffement

Jade Lindgaard
www.mediapart.fr/journal/international/040414/climat-stupeur-face-l-ampleur-des-impacts-du-rechauffement

S’adapter au réchauffement, c’est maintenant!

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/s-adapter-au-rechauffement-c-est-maintenant,44560?xtor=EPR-9

La feuille de route de Ségolène Royal

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/la-feuille-de-route-de-segolene-royal,44701?xtor=EPR-9

Ecotaxe : la première croisade de Ségolène Royal

Béatrice Héraud
www.novethic.fr/novethic/ecologie,environnement,transports,ecotaxe_premiere_croisade_segolene_royale,142442.jsp

Semaine du développement durable : les 3 réflexes d’une consommation “Zero Waste”


www.cniid.org/Semaine-du-developpement-durable-les-3,770

Un régime alimentaire mondialisé

Esther Vivas
http://esthervivas.com/francais/un-regime-alimentaire-mondialise

Ce que coûtent à la France les paradis fiscaux

Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
www.xerficanal.com/ensavoirplus/Olivier-Passet_Ce-que-coutent-a-la-France-les-paradis-fiscaux_i1458.html

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Climat : stupeur face à l’ampleur des impacts du réchauffement

Jade Lindgaard
www.mediapart.fr/journal/international/040414/climat-stupeur-face-l-ampleur-des-impacts-du-rechauffement

Le deuxième volet du nouveau rapport du Giec, consacré aux effets du dérèglement climatique sur la nature et les sociétés humaines, suscite des réactions d’une rare intensité. Sauf en France.

La publication du deuxième volet du nouveau rapport du Giec (à lire en cliquant ici), consacré « aux impacts, à l’adaptation et à la vulnérabilité », c’est-à-dire aux effets du dérèglement climatique sur la nature et sur les sociétés humaines, suscite des réactions d’une rare intensité. « À moins d’agir drastiquement et rapidement, la science nous dit que notre climat et notre mode de vie sont littéralement en danger », a déclaré le secrétaire d’État américain John Kerry dans une réaction officielle, ajoutant que « les coûts de l’inaction sont catastrophiques ».

 

Pour l’économiste Nicholas Stern, auteur d’un célèbre rapport en 2006 sur les coûts faramineux du changement climatique, « ce rapport apporte la puissante démonstration de la nécessité de fortement réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter des effets potentiellement catastrophiques, comme la fonte irréversible de la croûte glaciaire de l’Arctique et la hausse du niveau de la mer. Nous ne réussirons pas à complètement nous en préserver, elles sortent de l’expérience de l’évolution de l’Homo sapiens moderne ».

 

L’ancien vice-président américain Al Gore, auteur d’Une vérité qui dérange, l’un des films qui ont alerté ses concitoyens sur la réalité de la crise climatique, a lui aussi réagi officiellement : « Nous devons immédiatement et sans hésitation passer à une économie propre et renouvelable. Continuer à brûler aussi massivement des carburants fossiles est incompatible avec l’idée d’un avenir sain et prospère pour notre civilisation. »

 

Les problèmes envisagés par les chercheurs du Giec en conséquence de la probable forte hausse des températures sont tellement graves, qu’ils ont dû introduire un nouveau niveau de risque dans leur échelle d’évaluation, remarque le quotidien britannique The Guardian : en 2007, il était « haut » et apparaissait en rouge vif sur le graphique de synthèse du résumé des décideurs. Désormais, il monte à un degré supérieur : « très haut » et figure en violet foncé. C’est « un niveau horrible de risque », a commenté Maarten Van Aalst, un dirigeant de la fédération internationale de la Croix-Rouge. Son organisation a comptabilisé les occurrences du mot “risque” dans ce deuxième volet du 5e rapport du Giec : plus de 230 fois, contre 40 fois seulement il y a sept ans.

 

« Nous entrons dans une ère où le changement climatique n’appartient plus à un futur hypothétique », a déclaré Chris Field, chercheur à Stanford University, et l’un des principaux auteurs du rapport, ajoutant : « Nous vivons dans une époque où les impacts du changement climatique sont d’ores déjà répandus et substantiels. » Maggie Opondo, auteure de premier rang du chapitre sur la pauvreté et les moyens de subsistance, est sortie de l’habituelle réserve scientifique pour déclarer que le document donnait aux savants l’occasion de « sortir de leur tour d’ivoire ».

 

George Monbiot, éditorialiste influent du Guardian, très lu par les écologistes, s’est fendu d’une chronique virulente, dénonçant l’hypocrisie de la société britannique au sujet d’une éventuelle adaptation au dérèglement climatique : « On nous dit partout qu’il est plus facile de s’adapter au réchauffement que de l’arrêter. Cela suppose que non seulement on oublie le rapport Stern, qui montre qu’il coûte beaucoup moins cher d’éviter la crise climatique que d’essayer de vivre avec, mais aussi les inondations que nous venons tout juste de connaître. Si une petite nation, riche, bien organisée, ne peut pas protéger son peuple contre des pluies hivernales exceptionnelles – qui pourraient être causées par une hausse de température inférieure à 1 degré – quel espoir ont les autres nations, si les températures augmentent de 4 degrés ou plus ? »

Pendant ce temps, en France, en plein feuilleton du remaniement, silence radio, ou presque. Un communiqué tiédasse du ministère des affaires étrangères : « Le deuxième volume du rapport du Giec confirme les risques graves qui pèsent sur l’humanité si rien n’est entrepris pour enrayer les effets des dérèglements climatiques.

 

Comme le confirment les experts du Giec, pour le climat, il y a urgence, mais il n’y a pas de fatalité. Des solutions existent. Elles passent par l’adaptation de nos modèles économiques aux exigences du développement durable et par l’accélération de la transition énergétique. » C’est le service minimum.

 

Le ministère de l’écologie et de l’énergie n’a même pas publié de communiqué, se contentant d’un résumé du rapport du Giec sur son site. Sur le portail du ministère du redressement productif ? Rien. Sur celui de l’économie et des finances ? Rien. À dix-huit mois du sommet sur le climat, rien ne préoccupe moins le sommet de l’État français que la crise climatique.

S’adapter au réchauffement, c’est maintenant!

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/s-adapter-au-rechauffement-c-est-maintenant,44560?xtor=EPR-9

Après une semaine de débats, le Giec a adopté le 30 mars le résumé pour les décideurs du tome 2 de son 5e rapport. Deux choses à retenir: toutes les sociétés humaines seront frappées par les conséquences du changement climatique. Il est donc urgent d’agir pour s’adapter aux retombées du réchauffement.

 

Les membres du groupe 2 du Giec[1] ont fini leur travail. Dimanche 30 mars, après une épuisante session de 29 heures de travail ininterrompu à Yokohama, les scientifiques et fonctionnaires des gouvernements parties à la convention de l’ONU ont achevé la rédaction du rapport pour les décideurs.

 

Pesant une trentaine de pages, ce texte, que le JDLE vous a présenté en avant-première la semaine passée, synthétise les 2.000 pages du second tome du 5e rapport d’évaluation du Giec, consacré aux impacts des changements climatiques, à l’adaptation et à la vulnérabilité de nos sociétés. «Ce rapport donne une idée du climat futur au plus près des activités humaines», résume Hervé Le Treut, directeur de l’institut Pierre-Simon Laplace (IPSL).

 

On ne sait pas tout

Sa lecture appelle quelques conclusions évidentes. Tous les compartiments de nos sociétés sont ou seront touchés par les conséquences des changements climatiques. Bien qu’elle ait progressé depuis le rapport de 2007, la connaissance souffre malgré tout de nombreuses lacunes. «On ne connaît pas encore assez bien notre planète», concède Nicolas Bériot, secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc).

 

Pour autant, l’accroissement rapide de la concentration des gaz à effet de serre de l’atmosphère produit déjà ses effets. Et ils ne sont pas près de s’arrêter. «Les conséquences s’accumulent et toutes vont dans le même sens: les périodes d’activité du vivant (nidification, floraison) sont modifiées sur toute la planète. Les espèces qui le peuvent migrent vers les hautes latitudes», détaille Paul Leadley. «Beaucoup de travaux récents montrent que les espèces à cycle rapide, comme les insectes ou certaines plantes, commencent à s’adapter. Cela étant, un grand nombre d’espèces n’ont pas les capacités physiologiques ou génétiques pour s’adapter au rythme des changements climatiques», complète le professeur d’écologie à l’université Paris Sud.

 

 

Menace sur la sécurité alimentaire

C’est notamment le cas pour nos cultures. En se basant sur des données collectées mondialement ces 30 dernières années, les agronomes se montrent des plus inquiets. «Pour certaines grandes cultures mondiales, comme le blé, nous avons déjà observé des baisses de rendement de 2% par décennie», indique Jean-François Soussana. Le soja et le maïs semblent mieux résister aux conséquences du réchauffement. Mais pour combien de temps? «Jusqu’à 2030, les effets positifs des changements climatiques contrebalancent, globalement, les conséquences négatives. Mais d’ici la fin du siècle, si la température moyenne globale augmente de 4°C, nous assisterons à un recul des rendements allant de 25% à 50%», s’alarme le directeur scientifique de la structure Environnement de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Alarme, le mot n’est d’ailleurs pas trop fort. Car l’évolution démographique planétaire commande de produire 2% de denrées alimentaires en plus chaque décennie. «Nous allons au devant d’un effet de ciseau considérable», souligne Jean-François Soussana. D’autant que les scientifiques n’ont pas toujours de solutions toutes prêtes à proposer.

 

«On peut adapter les pratiques culturales de la vigne, modifier sa taille, voire changer de cépage. Mais passé un certain niveau de réchauffement, ces pratiques seront inefficaces», souligne Paul Leadley. La génétique? «On ne trouve pas de variétés qui soient tout à la fois tolérantes à la sécheresse et très productives», indique Jean-François Soussana.

 

Résilientes, les villes?

La situation ne s’annonce pas meilleure en ville qu’à la campagne. Comme le résume Eric Martin, les principaux risques encourus par les Européens sont la multiplication d’inondations toujours plus puissantes, la diminution de l’accès à l’eau et les vagues de chaleur. Autant de menaces, estime le chercheur de Météo France, auxquelles la plupart de nos centres urbains restent d’une incroyable vulnérabilité.

 

C’est donc aux politiques, désormais, de prendre les choses en main. Et ce ne sera pas facile. Peu d’entre eux sont vraiment sensibilisés aux questions climatiques. «à part en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les pays scandinaves, il n’y a pas vraiment de politiques publiques cohérentes d’adaptation aux conséquences des changements climatiques», souligne Annamaria Lammel, chercheure à l’université Paris VIII. «Dans le meilleur des cas, poursuit Eric Martin, on n’observe que des réactions à des crises ponctuelles, comme à la suite de la vague de chaleur de 2003.»

 

Adapter nos sociétés au futur climatique que nous construisons chaque jour représente, sans doute, le plus audacieux des projets de société que devront produire et mettre en œuvre les gouvernements. Et pour ce faire, il n’y a pas encore de guide pratique. «Il n’y a pas de méthode pour construire les résiliences. Il faut regarder et tenir compte de toutes les contraintes des territoires», résume Hervé Le Treut. Et agir vite, sans attendre de disposer de toutes les informations nécessaires. «L’économie classique est incapable de fournir une analyse coût-bénéfice sur les conséquences des changements climatiques ou les actions à mettre en œuvre», rappelle Annamaria Lammel.

 


[1] Giec: Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat

La feuille de route de Ségolène Royal

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/la-feuille-de-route-de-segolene-royal,44701?xtor=EPR-9

22 ans après, Ségolène Royal revient aux affaires écologiques. Elle devra faire avancer les dossiers débroussaillés par son prédécesseur. Ce ne sont pas forcément ceux qu’elle préfère.

Aujourd’hui, ça n’était pas jour de remaniement ministériel, mais d’anniversaires. Après avoir accueilli sa successeure Ségolène Royal, le ministre de l’écologie Philippe Martin s’est fendu d’un petit discours d’adieu. L’occasion de célébrer l’anniversaire de sa nomination (9 mois déjà), après l’éjection de Delphine Batho, ex-proche de Ségolène Royal.

En quelques minutes, Philippe Martin a rappelé sa fierté d’avoir engagé la réforme du Code minier, tenu bon sur les OGM et les gaz de schiste, «contribué à réconcilier agriculture et écologie», rédigé les projets de loi sur la biodiversité et la transition énergétique. Sans oublier sa proposition, acceptée par le Premier ministre, d’organiser une journée de circulation alternée.

Le retour

Ségolène Royal fêtait, elle, un retour. Voilà 22 ans jour pour jour, l’ex-députée des Deux-Sèvres était nommée ministre de l’environnement du gouvernement Bérégovoy. En moins d’un an, elle avait fait voté la loi de 1992 sur les déchets, la loi-cadre sur le bruit, sans oublier la loi sur la reconquête des paysages. A l’époque, les journalistes Environnement avaient particulièrement remarqué l’intérêt que portait la jeune ministre au chabichou poitevin.

La 4e ministre de l’écologie de la présidence Hollande

22 ans plus tard, quel est le programme de la 4e ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie de la présidence Hollande? Pas facile à dire. Dans sa courte adresse aux journalistes et aux fonctionnaires du ministère, l’ex-vice-présidente de la Banque publique d’investissement a simplement rappelé son attachement au développement durable et ses trois piliers: économique, social et environnemental.

Rien de bien nouveau, après tout: en 1992, elle avait représenté la France lors du sommet de la terre de Rio qui avait précisément popularisé ce concept. Depuis peu, elle soutient la «social-écologie», ou comment la croissance verte peut contribuer à la sortie de crise.

Côté nucléaire, elle s’est prononcée pour une sortie du l’atome en 40 ans maximum, avec réduction de la part du nucléaire à 50% de la production d’électricité avant 20 ans. Le chantier de l’EPR devrait être arrêté pour être transformé en centre de recherche sur les énergies renouvelables.

En 2011, la présidente de la région Poitou-Charentes se disait favorable à l’interdiction de l’extraction du gaz de schiste tant que la maîtrise de cette exploitation n’était pas garantie. Ne fermant pas la porte à une exploitation par les générations futures, elle jugeait nécessaire de poursuivre la recherche sur les procédés d’extraction propres à long terme.

Une «mesure absurde»

Contrairement à son prédécesseur, Ségolène Royal n’est pas une adepte de la fiscalité verte. Elle s’était opposée, l’été dernier, à la mise en œuvre de la contribution Climat Energie. Au printemps 2013, elle avait également fustigé la hausse de la fiscalité sur le gazole. Il y a 4 ans, elle avait appelé à l’abandon de la taxe carbone, finalement torpillée par le Conseil constitutionnel. Sa géométrie est plus variable en ce qui concerne l’écotaxe poids lourds (EPL). En 2007, la création de l’EPL figurait dans le pacte présidentiel de la candidate socialiste à l’Elysée. Position sur laquelle la nouvelle ministre n’a pas varié jusqu’à ces derniers mois. Le 10 novembre dernier, elle stigmatisait, sur Canal +, «une mesure totalement absurde». La future ministre n’a, il est vrai, jamais caché sa sympathie pour le mouvement des «bonnets rouges». Bref, pas très écolo-compatible. Sauf, peut-être, sur le délicat dossier du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. En 2011, elle avait appelé à une nouvelle enquête d’utilité publique. Deux ans plus tard, elle estimait que le projet avait peu de chances d’être mené à son terme.

Nombreux dossiers en attente

Quoi qu’il en soit, la nouvelle locataire de l’hôtel de Roquelaure va devoir prendre la succession de Philippe Martin.

Et les dossiers en attente sont nombreux: loi sur la transition énergétique (pour laquelle le Premier ministre Manuel Valls aurait donné des garanties à EELV), poursuite de la réforme du Code minier, vote de la loi Biodiversité, sécurisation des tarifs de l’énergie et des tarifs d’achat des énergies renouvelables, réforme de la contribution au service public de l’électricité (CSPE), déploiement des compteurs de gaz et d’électricité communicants, amélioration de la qualité de l’air (la France est en infraction), verdissement de la fiscalité, etc.

Elle devra, en outre, partager l’organisation du sommet climatique de 2015 avec Laurent Fabius, seul ministre (des affaires étrangères et du développement) à la précéder dans l’ordre protocolaire du gouvernement.

Ecotaxe : la première croisade de Ségolène Royal

Béatrice Héraud
www.novethic.fr/novethic/ecologie,environnement,transports,ecotaxe_premiere_croisade_segolene_royale,142442.jsp

Avant même le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement Valls, Ségolène Royal s’est prononcé contre l’écotaxe. Une prise de position de la nouvelle ministre de l’Ecologie et de l’Energie qui satisfait les transporteurs. Elle crispe en revanche les organisations environnementales, très attachées à la fiscalité écologique.

24 heures. C’est le temps dont Ségolène Royal aura eu besoin pour lancer sa première polémique. Au lendemain de sa prise de fonctions au ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle a profité d’un déplacement en Poitou-Charentes pour donner son avis sur l’écotaxe : « Je ne suis pas seule à décider, mais je vais remettre à plat les choses pour voir quelles sont les autres possibilités que nous avons pour dégager des financements pour, en effet, faire les travaux ferroviaires et routiers. Les Français ont déjà payé beaucoup d’impôts supplémentaires, l’écotaxe est un impôt, j’en comprends bien le sens : il s’agit de taxer ceux qui polluent, mais j’ai toujours dit que, pour respecter la citoyenneté, l’écologie ne doit pas être punitive et on ne doit pas taxer des gens s’ils n’ont pas le choix de prendre le transport propre. »

Les réactions n’ont pas tardées à fuser du côté des associations environnementales. Elles attendaient la ministre de pied ferme sur le sujet. Car ces dernières années, Ségolène Royale s’est régulièrement illustrée par ses prises de positions contre la fiscalité écologique. Elle avait notamment critiqué la mise en place de l’écotaxe poids lourds en 2013, mais aussi la taxe carbone, la fameuse contribution climat énergie (entrée en vigueur ce 1er avril pour le gaz). Mais il n’en a pas toujours été ainsi, comme le rappelle Le Monde: «Ségolène Royal a longtemps été favorable à cette mesure ʺtotalement absurdeʺ. A tel point qu’en 2006, citant le cas de l’Allemagne, la région Poitou adressait ʺun vœu au gouvernementʺ d’instaurer une telle taxe»

Quelques heures seulement après les déclarations de la ministre, le réseau action climat (RAC) a publié un communiqué dans lequel il « s’inquiète » de la volonté de Ségolène Royale de remettre à plat le dispositif : «tant que (celui-ci) n’aura pas été mis en place, le coût des externalités (émissions de CO2) du transport routier seront supporté par la collectivité toute entière», ce qui freine l’objectif d’un transfert partiel du transport de la route vers le train et le fluvial (25% de fret non routier en 2022), rappelle Lorelei Limousin, chargée de mission climat transport au RAC. Même inquiétude du côté de la Fondation Nicolas Hulot: «cette première prise de position qui va à l’encontre du principe pollueur payeur», souligne-t-elle.

Pour les transporteurs en revanche, c’est «une bonne nouvelle». «Nous demandons la suppression de l’écotaxe depuis un an maintenant», rappelle Gilles Mathelie-Guinlet, le secrétaire général de l’OTRE, l’organisation professionnelle des TPE/PME du transport routier. L’OTRE défend deux solutions alternatives : la mise en place d’un droit d’usage ou la taxation des entreprises de marchandises plutôt que celles de transport. Elle a d’ailleurs exposé ses propositions devant la mission parlementaire sur l’écotaxe poids-lourds, mise en place après les révélations sur Ecomouv’, l’entreprise chargée de la mettre en place. «Nos relations avec Frédéric Cuvillier (ex ministre du Transport, ndlr) étaient complètement gelées. Le gouvernement Ayrault s’en remettait totalement à la mission parlementaire sur l’écotaxe. Nous saluons donc l’ouverture de Ségolène Royale et allons prendre très vite rendez-vous avec elle» détaille Gilles Mathelie-Guinlet. La mission parlementaire devrait rendre ses conclusions au mois de juin.

Semaine du développement durable : les 3 réflexes d’une consommation “Zero Waste”


www.cniid.org/Semaine-du-developpement-durable-les-3,770

Pourquoi et comment consommer autrement ?

“Consommer autrement” ne doit surtout pas rester une phrase en l’air. Zero Waste France rappelle qu’il est urgent et indispensable de préserver nos ressources et de réduire les pollutions liées à l’ensemble du cycle de vie des produits que nous consommons, de leur production jusqu’à leur traitement en tant que déchets.

Tout cela est possible à condition de changer nos habitudes au profit d’une consommation “zéro gaspillage” et “zéro déchet”, car l’un ne va pas sans l’autre. Préserver les matières premières et l’énergie en privilégiant la réutilisation des produits avant même leur recyclage, bannir les produits jetables dès lors qu’il existe une alternative, allonger la durée de vie de nos biens de consommation : ces changements d’habitudes peuvent changer la donne s’ils sont adoptés par les citoyens et surtout encouragés par les pouvoirs publics et rendus possible par une évolution des pratiques et de l’offre des producteurs de biens.

Trois réflexes pour une consommation Zero Waste

Le réflexe “réutilisable”

Autrement dit : faire la chasse au jetable

Sacs, bouteilles et suremballages : qu’ils soient en plastique ou en carton et même s’ils sont recyclables, ces emballages à usage unique induisent un gaspillage de matières, d’eau et d’énergie d’autant plus inacceptable qu’il existe des alternatives : sacs réutilisables, systèmes de consigne, vente en vrac…
La chasse au jetable concerne les emballages bien sûr, mais pas seulement : du coton de démaquillage au stylo en passant par le rasoir ou les gobelets en plastiques : pour tous ces produits des alternatives réutilisables existent !

Le réflexe “durée de vie”

Autrement dit : faire le bon calcul à long terme

Acheter chaque année un nouvel écran, changer son étagère à chaque déménagement car elle n’a pas supporté le démontage, remplacer tous les 6 mois une paire de chaussures… Ces pratiques de consommation choisies ou subies sont un mauvais calcul pour l’environnement comme pour le porte-monnaie. Investir dans des produits de qualité, plus durables, ou les réclamer lorsqu’ils ne sont pas disponibles sur le marché, c’est aussi envoyer un signal fort aux producteurs de biens qui seront à terme obligés de réajuster leur modèle de création de valeur en faveur d’une production plus durable.

Le réflexe “collaboratif “

Autrement dit : penser “usage” avant de penser consommation

Pendant longtemps, l’équipement des ménages a été présenté comme la voie royale pour bénéficier du confort moderne. Il existe pourtant des alternatives (prêt, location, mutualisation, partage, échange…) tout aussi valables, car ce n’est pas la possession, mais bien l’accès à des biens et services qui rend notre quotidien plus agréable.

La “consommation collaborative” est facilitée aujourd’hui par l’existence de plateformes web de mise en relation directe des particuliers, dans tous les domaines de la consommation.

A propos de Zero Waste France

Le mouvement Zero Waste France a été lancé début 2014 à l’initiative du Cniid, association agréée pour la protection de l’environnement, afin de réunir les acteurs nationaux et locaux oeuvrant pour la réduction des déchets à la source sur le territoire français. Son objectif est de favoriser la mise en place de démarches Zero Waste (zéro gaspillage, zéro déchets) en mobilisant les décideurs publics comme privés et en facilitant les échanges d’expériences entre acteurs de terrain. Zero Waste France fait partie du réseau Zero Waste Europe.

@ZeroWasteFR – contact@zerowastefrance.org

Pour lire et signer l’appel de Zero Waste France, rendez-vous sur zerowastefrance.org !

Un régime alimentaire mondialisé

Esther Vivas
http://esthervivas.com/francais/un-regime-alimentaire-mondialise

Qu’ont en commun l’Inde, le Sénégal, les Etats-Unis, la Colombie, le Maroc, l’Etats espagnol et bien d’autres pays ? En dépit des différences importantes qui persistent encore, l’alimentation y est sans cesse plus semblable. Au-delà de la « McDonaldisation » de nos sociétés et de la consommation globalisée de Coca-Cola, la consommation mondiale d’aliments dépend progressivement d’une poignée de variétés de cultures. Le riz, le soja, le blé et le maïs s’imposent au détriment d’autres productions comme le millet, le manioc, le seigle, le sorgho, la patate douce ou l’igname. Si l’alimentation dépend d’une petite série de variétés de cultures, que se passera-t-il en cas de mauvaise récolte ou de maladies ? Notre consommation de nourriture est-elle garantie ?
Nous allons vers un monde avec plus de nourriture mais moins de diversité et plus d’insécurité alimentaire. Des aliments comme le soja, dont la consommation était insignifiante jusqu’à il y a quelques années encore, sont devenus indispensables pour les trois quarts de l’humanité. D’autres, déjà importants dans le passé comme le blé ou le riz, se sont généralisés à grande échelle et sont respectivement consommés aujourd’hui par 97% et 91% de la population mondiale. C’est une alimentation occidentalisée, « accro » à la consommation de viande, de produits laitiers et de boissons sucrées qui s’impose ainsi. Des marchés alimentaires où les intérêts des grandes entreprises sont évidents. C’est ce qu’explique en détail une récente étude intitulée «  L’augmentation de l’homogénéité dans les chaînes alimentaires globales et son implication pour la sécurité alimentaire », qui affirme que nous nous acheminons vers un « régime alimentaire mondialisé ».
Un menu qui, d’après les auteurs du rapport, constitue « une menace potentielle pour la sécurité alimentaire ». Pourquoi ? En premier lieu parce qu’en dépit du fait que nous consommons plus de calories, de protéines et de graisses qu’il y a cinquante ans, notre alimentation est moins variée et il est donc plus difficile de digérer les micronutriments nécessaires pour l’organisme. En outre, affirment les auteurs, « la préférence pour les aliments énergétiquement denses et basés sur un nombre limité de cultures agricoles globales et de produits transformés est associée à l’augmentation de maladies non transmissibles comme le diabète, les problèmes cardiaques ou certains types de cancer ». Notre santé est donc en jeu.
En second lieu, l’homogénéisation de ce que nous mangeons nous rend plus vulnérables aux mauvaises récoltes ou aux maladies, dont on prévoit qu’elles augmenteront avec l’intensification du changement climatique. Nous sommes dépendants d’une poignée de cultures qui sont aux mains d’une poignée d’entreprises produisant à grande échelle à l’autre bout de la planète, imposant des conditions de travail précaires pratiquant une déforestation intensive, la contamination des sols et des eaux et l’utilisation systématique d’agents agrotoxiques. Pouvons-nous alors choisir librement ce que nous mangeons dans de telles conditions ?
Il ne s’agir pas d’être contre un changement des habitudes alimentaires en soi, le problème survient quand de tels changements sont imposés par des intérêts économiques particuliers, en marge des besoins réels des gens. Le « régime alimentaire mondialisé » est le résultat d’une « production-distribution-consommation » mondialisée où ni les paysans ni les consommateurs n’ont leur mot à dire. Nous pensons décider ce que nous mangeons, mais ce n’est pas le cas. Comme l’affirmait le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, lors de la présentation du rapport «  Le potentiel transformateur du droit à l’alimentation » ; « La principale déficience de l’économie alimentaire est l’absence de démocratie ». Et sans démocratie dans les champs et à table, on ne choisit et on ne mange pas correctement.

Ce que coûtent à la France les paradis fiscaux

Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
www.xerficanal.com/ensavoirplus/Olivier-Passet_Ce-que-coutent-a-la-France-les-paradis-fiscaux_i1458.html

Lorsque l’on évoque les paradis fiscaux en Europe et dans le monde, chacun a aujourd’hui en tête leur retombées défavorables en termes d’évasion fiscale, de blanchiment, de détournement des règles prudentiels et donc d’accroissement des risques financiers.

 

Mais comme il faut toujours trouver un bien pour un mal, certains y voient aussi un  formidable facteur d’accélération de la mondialisation du capital. Et c’est vrai que lorsque l’on regarde l’origine géographique des investissements directs en France ou dans d’autres pays avancé, ce rôle de plaque tournante des paradis  saute aux yeux : 49 % des investissements en France sont détenus par des entités localisées au Pays-Bas, au Luxembourg, au Royaume-Uni, et en Suisse ;  On l’a vu encore dernièrement avec les manoeuvres de rachat de SFR : le PDG d’Altice, Patrick Drahi, dont l’exil fiscal a été stigmatisé, n’a pas manqué de souligner que les 3 milliards qu’il était prêt à investir en sus des 8 milliards qu’il empruntera, revenaient dans le giron fiscal français et alimentaient en définitive la croissance hexagonale. Un argument plus que tendancieux puisque il s’agit d’un changement de propriété d’une entité déjà existante. Et rien ne dit que Vivendi réinvestira le montant de la vente en France. Plus que tendancieux encore, car la localisation luxembourgeoise de la maison-mère Altice ouvre la voie à de nombreux jeux d’optimisation fiscale par la suite. Et à ce jeu, les pays avancés comme la France ou les Etats-Unis perdraient 2 à 3 % de recettes fiscales? Un manque à gagner à mettre au regard de notre déficit public de 4 % du PIB ou des 50 milliards d’économie budgétaire que le gouvernement  cherche à réaliser dans les 3 années à venir.

 

Mais, il est une conséquence que l’on souligne moins souvent concernant les Paradis fiscaux. La sous-estimation du PIB et des exportations qu’induit l’optimisation fiscale.

 

Que se passe-t-il quand Amazon facture les clients français depuis le Luxembourg pour bénéficier de la TVA avantageuse sur les biens culturels ? Un surcroît d’importations pour la France en contrepartie de la consommation hexagonale alors que la marge commerciale aurait pu être localisée en France si Amazon n’avait pas joué le jeu de l’optimisation. Idem quand Microsoft facture depuis l’Irlande.

 

Que se passe-t-il quand un groupe français sous-facture ou ne facture pas les échanges d’invisibles entre sa maison mère et ses entités délocalisées. Une sous-estimation des exportations de service et un gonflement des bénéfices dégagés dans les filiales étrangères.

 

On saisit par ces exemples un autre enjeu clé de la fiscalité. Car un certain nombre d’arbitrages fiscaux  déforment la perception des performances réelles de notre économie. Les marques, le vivier des compétences contenues dans nos groupes sont aujourd’hui sous-estimés. En sortant du radar de la comptabilité nationale, ces flux mésestimés, sous-valorisés ou manipulés concourent à une image excessivement dépréciée de l’économie française. Autre manière de dire que la focalisation du débat sur le poids des charges pesant sur les non qualifiés est devenue  un combat anachronique qui nous détourne d’autres enjeux fiscaux essentiels.